Du nez pour le vivant
Article rédigé par Didier TROTIER
16 septembre 2024

Clara Muller, historienne de l’art spécialiste des odeurs dans la littérature et dans l’art moderne et contemporain, nous invite dans ce podcast à utiliser notre nez pour prendre conscience de la nature autrement que d’un point de vue anthropocentrique et utilitaire.

Smell Talks – Clara Muller – Du nez pour le vivant – Podcasts by Nez

[Ecoutez ce podcast et lisez le livre de Roland Salesse (Les parfums de la nature, Ed QUAE) pour entrouvrir votre odorat à de nouvelles perspectives sur le monde du vivant !]

Les composés odorants exhalés par le monde vivant sont innombrables. Avec un peu d’attention nous pouvons en prendre conscience grâce à notre odorat. Souvent nous essayons même de nommer ces odeurs, mais sans aller plus loin. Qui s’est déjà interrogé sur la raison d’être de ces composés et sur leurs rôles dans le monde vivant ?

Ces composés odorants ne sont pas uniquement émis pour solliciter la sagacité, voire l’émerveillement, de notre odorat ! Ce sont essentiellement des substances produites dans un but précis, souvent pour informer d’autres êtres vivants afin de les attirer, de les tenir à distance ou de les neutraliser. C’est ainsi, par exemple, que les bois d’encens utilisés dans la pratique japonaise du KODO produisent leur résine si richement olfactive pour nous… pour lutter contre des agressions microbiennes et fongiques. De même un parfum de fleur est essentiellement produit pour attirer des pollinisateurs… Et les exemples sont très nombreux.

Nous négligeons cette aptitude à utiliser notre odorat pour prendre conscience de ces liens intimes qui relient les êtres animés et inanimés les uns aux autres. Dans ce podcast « Du nez pour le vivant », reflétant une réflexion en cours très originale, Clara nous incite à dépasser notre hyposmie à l’égard de la nature, et ceci dès le plus jeune âge. L’idée est de ré-établir notre relation sensible envers les autres êtres vivants, par l’intermédiaire de notre odorat. Prendre conscience de cela permet de mieux appréhender l’interdépendance des êtres vivants et donc de contribuer à inverser la crise écologique actuelle. Celle-ci est en effet, en partie, due à notre manque de sensibilité et à notre relation dégradée aux autres entités vivantes.

« Ethologie, écologie, biologie végétale, chimie… peuvent conférer à notre nez de nouveau pouvoirs….  En vous promenant dans la nature, prenez le temps de vous demander : que dit telle odeur de tel être vivant, de sa façon d’exister, de ses besoins, de ses relations aux autres ; prenez le temps de penser à ce qui se tisse par cette odeur et de reprendre part à cette immense conversation de cette grande communauté du vivant » nous dit-elle.

Une démarche à ne pas négliger dans l’éducation olfactive des jeunes … et des moins jeunes !

Didier TROTIER

Didier TROTIER

Chercheur CNRS retraité

Nos articles dans la même catégorie :